Les vins bio - Les certifications et labels bio

III. Quelles sont les certifications bio existantes ?

Nous l'avons vu dans un précédent article, la conversion au mode de production biologique peut prendre plusieurs années à un domaine viticole (trois ans, en moyenne). Le monde du bio en Europe est riche en labels et autres certifications, et vous avez très certainement déjà pu voir l'un ou l'autre des logos ci-dessous sur l'une de vos bouteilles de vin. Nous avons choisi de vous présenter ici les marques les plus connues et de vous décrire brièvement le contenu de leurs différents cahiers des charges, en vue de l'obtention de leur label ou certification.

Gardez à l'esprit qu'il faut toujours distinguer le vin biologique du vin biodynamique, mais aussi du vin nature ou encore du vin végan. Si ces quatre catégories ont le bien-être de l'environnement et du consommateur à l'esprit avant toute chose, elles n'en sont pas pour autant similaires, tant au niveau des vins produits que des règles à suivre. Petit tour d'horizon des différents labels bio que l'on peut trouver en Europe.

1. Les labels du vin biologique

Le plus connu, le label français AB (pour "Agriculture Biologique"), date de 1985. Il s'agit d'une marque déposée et détenue entièrement par le Ministère de l'Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire. Pour un vigneron, l'obtention du logo vert et blanc implique que son vin soit composé à 95% (au minimum) de raisins cultivés selon les règles de la production biologique. Les fruits ne doivent également pas contenir d'OGM. La marque AB est alignée sur les nouveaux critères du label bio officiel de l'Union Européenne depuis janvier 2009.

Le label Agriculture Biologique de l'Union Européenne (ou "Label Bio") est le pendant européen de la marque AB française, avec qui il partage donc logiquement un cahier des charges. Il existe techniquement depuis 1992, l'année de l'entrée en vigueur du premier règlement sur l'agriculture biologique. La nouvelle version des textes originaux date de janvier 2009. Le nouveau logo (parfois aussi surnommé "Eurofeuille") voit le jour en février 2010, suite à une décision de la Commission Européenne. Il figure sur tous les produits alimentaires bio produits dans l'UE depuis juillet 2010.

2. Les labels du vin biodynamique

Demeter tire son nom de la déesse grecque de l'agriculture et des moissons. Il s'agit d'une association allemande fondée en 1927 et qui possède son propre cahier des charges ainsi que son label certifiant. Toutefois, il faut préciser que Demeter respecte les cahiers des charges de l'agriculture biologique de chaque pays avant d'appliquer le sien. Inspiré par Rudolf Steiner, le label Demeter interdit les intrants chimiques, promeut l'entretien des sols via des préparations naturelles, limite l'ajout de souffre à 70 mg/L... 90% des raisins utilisés pour produire un vin doivent respecter la charte Demeter pour pouvoir bénéficier du label. Les 10% restants peuvent être complétés par des fruits labellisés AB.

Le syndicat Biodyvin existe depuis 1995. Comme Demeter, le label Biodyvin suit les préceptes de Rudolf Steiner, père de la biodynamie. La vigne est considérée comme un organisme vivant, dont il faut préserver l'écosystème par l'usage de préparations végétales, animales et minérales. Le but avancé étant d'offrir un vin de qualité supérieure au consommateur. Plus de 200 domaines viticoles sont aujourd'hui adhérents à Biodyvin et certifiés biodynamiques (contrairement à Demeter, qui ne certifie que des parcelles de vignes). Le respect du cahier des charges de Biodyvin, rédigé par le Syndicat International des Vignerons en Culture Bio-Dynamique (SIVCB), est assuré chaque année par l'organisme Ecocert.

3. Les labels du vin nature

La charte Vin Méthode Nature, validée en mars 2020 par la DGCCRF (la Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes), est l'initiative d'un jeune syndicat français qui cherchait depuis dix ans déjà à créer un label exclusif aux vins natures. Ce nouveau label impose des règles strictes : 100% des raisins doivent être certifiés AB, les vendanges doivent être faites à la main, aucun intrant n'est autorisé, la filtration est interdite, tout comme le sont les sulfites... Il s'agit d'un engagement sur l'honneur de la part des vignerons, qui fournissent au syndicat une analyse COFRAC de leurs vins. Le syndicat, quant à lui, procède à des contrôles aléatoires chaque année.

L'AVN, ou "Association des Vins Naturels", propose depuis l'an 2000 à ses adhérents d'apposer ce label sur leurs cuvées en échange d'un respect des 16 points de leur cahier des charges. Ce dernier définit le vin nature ou naturel comme étant issu soit de l'agriculture bio, soit de la biodynamie. Il ne peut y avoir ni additif ni intrant lors de la vinification ou de la mise en bouteille, ce qui veut dire aucune filtration, aucune levure non-indigène, aucun sucre ajouté... Les vendanges doivent également être manuelles.

L'Association des Vins S.A.I.N.S. (l'acronyme de "Sans Aucun Intrant Ni Sulfite") existe depuis 2010. Sa charte interne est établie en 2012 et s'appuie sur trois fondamentaux : la dimension humaine (respect du consommateur et entraide entre les vignerons), l'importance de la vigne (100% de raisins bio, sans aucun produit chimique ajouté) et une vinification vertueuse (utilisation de levures indigènes uniquement, pas ou peu d'interventionnisme). Le label S.A.I.N.S. obtenu s'applique au domaine viticole dans sa totalité.

4. Les labels du vin vegan

La certification V-Label date de 1996 et nous vient de Suisse. Il s'agit d'une marque internationale, en collaboration étroite avec l'Union Végétarienne Européenne (EVU) et en association avec de nombreuses associations pro végétariennes en France et dans le monde. Le V-Label certifie au consommateur que son vin ne contient aucun ingrédient provenant d'animaux. Ainsi, la gélatine et le blanc d'œuf, utilisés pour filtrer le vin, sont interdits pour prétendre au label végétarien ou vegan V-Label. Les traitements des sols ne sont pas concernés par le cahier des charges du V-Label.

La Vegan Society est une ancienne association britannique de lutte contre les violences animales, puisqu'elle date de 1944. De la même manière que la certification V-Label, le label Vegan de la Vegan Society assure aux consommateurs que les vins ne contiennent aucun ingrédient provenant d'un animal. L'association lutte aussi contre les OGM produits grâce à des gênes animaux. La charte de la Vegan Society correspond au standard, puisque l'association est d'ailleurs à l'origine du terme "vegan" lui-même.

La certification EVE Vegan est un label international délivré par une association française, fondée par Hélène Modrzejewski en 2016. Le "EVE" signifie "Expertise Vegan Europe". Un vin certifié par la marque EVE Vegan garantit au consommateur que son produit est totalement exempt d'exploitation animale et ce, à tous les stades de sa production et de sa transformation. Le label EVE Vegan s'inspire des normes ISO internationales et englobe aussi bien les produits alimentaires que la cosmétique ou le textile.

5. Les acteurs autour du vin bio

La certification HVE (pour "Haute Valeur Environnementale") est un dispositif gouvernemental français suivi par la Commission Nationale de Certification Environnementale (CNCE). Cette certification biologique représente le niveau 3, qui est le plus haut niveau du cahier des charges imposé par le dispositif. Un domaine viticole HVE doit respecter la biodiversité du vignoble, limiter l'utilisation d'engrais chimiques, prendre grand soin des sols... Des audits fréquents permettent de valider ou non la bonne application de ces règles. Les acteurs du développement et de la promotion de la HVE sont réunis au sein de l'Association Nationale pour le Développement de la Certification Haute Valeur Environnementale.

Ecocert n'est pas un label à proprement parler. C'est un organisme de contrôle créé en 1991 par William Vidal, assisté d'un collectif d'ingénieurs agronomes indépendants. L'entreprise possède son propre cahier des charges, validé par le gouvernement français. Elle peut intervenir dans différents secteurs, tels que la restauration, la cosmétique et le vin. En plus de certifier et promouvoir les produits bio dans le monde entier, Ecocert milite pour la préservation des sols, de l'énergie, ainsi que pour de meilleures conditions de travail pour les employés. Le groupe Ecocert est capable de certifier une entreprise selon plus de 150 référents différents, dont le label Biodyvin, Demeter ou encore Agriculture Biologique Europe.

La Fédération Nationale Terra Vitis lutte pour une viticulture durable et responsable depuis 1998. Il s'agit d'une association de professionnels du vin qui respecte scrupuleusement un cahier des charges bien spécifique. Terra Vitis prône une vision globale du développement durable, qui selon elle a des répercussions environnementales mais également sociétales et économiques. La certification Terra Vitis implique des contrôles annuels, garantissant notamment la traçabilité des vins, la lutte raisonnée, la préservation de la biodiversité, le respect des protocoles sanitaires...

Le label Vignerons Engagés existe depuis 2010. Il appartient à l'association Vignerons en Développement Durable, qui réunit des vignerons voulant s'investir pleinement dans une démarche RSE (pour "Responsabilité Sociétale des Entreprises"). C'est le premier label viticole RSE en France. Au programme, 12 engagements à tenir pour pouvoir bénéficier du logo Vignerons Engagés, comme la défense de la biodiversité, l'économie d'eau, la réduction de produits chimiques, la traçabilité du vin, la préférence pour les circuits courts...

Spécifique aux vins mousseux produits dans la région Champagne, le label Viticulture Durable en Champagne est lancé par la région en 2014. Le référentiel, quant à lui date de 2001. Son cahier des charges se veut assez touffu, puisqu'il ne comporte pas moins de 99 points à respecter ! Il sert en quelque sorte d'extension aux normes HVE déjà en place dans les vignobles. Plus de 15% du vignoble champenois est certifié Viticulture Durable.

6. La mention Nature & Progrès

La mention Nature & Progrès est un peu à part dans cette liste, car elle est décernée par une association privée crée en 1964 et n'est pas encadré par les instances européennes de l'Agriculture Biologique. L'obtention du label Nature & Progrès n'implique d'ailleurs pas nécessairement d'avoir une certification AB, bien que son cahier des charges soit plus strict que celui de l'UE. Long de 18 pages, il demande entre autres choses de n'utiliser que des raisins certifiés N&P ou AB, de procéder à une récolte calibrée, de nettoyer sa cave avec des produits autorisés, de ne pas intervenir durant la vinification, d'éviter les sulfites ainsi que le filtrage... Les règles englobent toutes les étapes de la production de vin, de la récolte au transport vers le négociant.

Nature & Progrès ne s'arrête pas au domaine viticole, puisque les valeurs de l'association mettent en avant la collaboration et la solidarité entre les vignerons adhérents, le partage des savoirs, la coopération entre vignerons et marchands, la transparence envers le consommateur, les circuits courts, l'autonomie des domaines, l'épargne solidaire, le bien-être animal, les soins naturels, les énergies renouvelables... et de nombreux autres points.

Et voilà pour ce tour d'horizon rapide des différents labels et certifications bio qui existent en France et en Europe. En attendant notre quatrième et dernier article, qui parlera des nos vignerons et vigneronnes bio préféré(e)s, découvrez nos vins bios favoris ci-dessous.

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